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08 avril 2020

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Quelle saison à prévoir pour le tourisme?

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Plage Haldimand

©Jean-Philippe Thibault

Le tourisme représente 700 entreprises et 7 000 emplois en Gaspésie.

L’industrie du tourisme est un fer de lance en Gaspésie. Derrière cette vérité de La Palice, il y a 700 entreprises et 7 000 employés qui retiennent leur souffle en voyant la saison estivale poindre le bout de son nez, sans trop savoir ce que l’avenir leur réservera.

Chaque nouvelle journée apporte son lot de surprises, de reports ou d’annulations. Chaque nouvelle journée apporte aussi son lot d’incertitude. Bien malin celui qui pourra prédire combien de temps les mesures de confinement et de distanciation physique devront être appliquées. Chacun y va un peu de ses prédictions et de ses analyses, sans connaître de quoi demain sera fait.

Le confinement se prolongera-t-il encore plusieurs semaines, voire quelques mois? À la fin, les gens voudront-ils rester à la maison puisque les finances seront basses ou plutôt voyager pour se changer les idées? Si oui, où et comment? Auront-ils pris davantage conscience de l’importance d’investir localement et voudront-ils redécouvrir les espaces québécois?

Pour y voir plus clair, nous avons demandé à l’Association touristique régionale (ATR) de la Gaspésie de nous éclairer un peu. Elle non plus n’a pas de boule de cristal, mais comme tout le monde espère une reprise des activités rapides. « Ce qu’on souhaite présentement, c’est que ça soit parti pour la mi-juin. On pourrait retrouver un semblant d’été et nos entreprises pourraient faire leurs frais. Dans le cas contraire, c’est sûr que ça va être plus difficile. Si ça ne décolle pas avant juillet, là, ça va être de plus en plus difficile », nous expliquait la semaine dernière la présidente de l’ATR Gaspésie, Joëlle Ross.

Craint-elle de perdre certains membres en cours de route si la situation perdure? « C’est sûr, lance-t-elle de but en blanc. Dans l’ensemble du Québec, des joueurs plus fébriles vont peut-être partir. Ça peut être une réalité, on ne s’en cache pas. On ne le souhaite à personne et j’espère évidemment ne pas en perdre beaucoup. En Gaspésie, on est habitués de se relever les manches. Et environ 40% des entreprises ferment l’hiver. Peut-être que ça va nous faire moins mal à court terme. On en discute aujourd’hui, mais c’est différent de la semaine dernière et ça sera probablement différent de la semaine prochaine. »

Marché intérieur

 

Depuis plusieurs années déjà, ce sont environ 80% des visiteurs qui font le tour de la Gaspésie qui sont Québécois. Une donnée qui dans les circonstances pourrait peut-être avantager la région. « Cet été, je crois que ce qu’on va devoir faire, c’est d’oublier les gens qui viennent de l’extérieur et travailler avec les Québécois pour les garder au Québec. On va peut-être travailler un peu les marchés de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick, mais sinon je crois que ça va être très difficile de les faire voyager, même si ce sont eux qui amènent de l’argent neuf. Il faut dire qu’on est quand même chanceux en Gaspésie, on est une destination appréciée et les 3 dernières années ont été excellentes avec près de 900 000 visiteurs. Disons qu’il y a des régions pas mal pires que la nôtre. Je pense que le Québécois va avoir plus tendance à voyager ici et l’idée des grands espaces comme la Gaspésie peut certainement faire partie d’une intention de voyage », analyse Joëlle Ross.

Tourisme

©Jean-Philippe Thibault - La voix de la vallée

Hôtel Plante

©Jean-Philippe Thibault - La voix de la vallée

L'Hôtel Plante de Gaspé.

Coup dur pour les hôteliers

 

Du 3 au 5 avril devait se tenir à Gaspé le Championnat provincial de volleyball scolaire cadet division 3, avec à son bord 32 équipes et plusieurs parents accompagnateurs. Au hockey, les meilleurs bantams BB du Québec devaient se réunir à Carleton-sur-Mer du 15 au 19 avril alors que les atomes BB devaient se rendre à Gaspé en prévision des Championnats provinciaux de la Coupe Dodge. La Coupe Desjardins 2020 devait quant à elle se dérouler à Chandler du 1er au 5 avril tandis que dans le monde de la course, l’Ultra Trail Gaspesia 100 vient tout juste d’annoncer qu’il retirait son événement sportif du calendrier, lui qui devait attirer près de 1000 coureurs du 19 au 21 juin.

Ne voici qu’un petit échantillon des tournois et compétitions annulés jusqu’ici, mais qui ont de grandes répercussions tant sur les restaurateurs que les hôteliers.

C’est notamment le cas de l’Hôtel Plante à Gaspé, qui s’affairait à terminer la construction d’un nouveau pavillon de 21 chambres lorsque les travailleurs présents sur le chantier ont reçu la consigne qu’ils devaient quitter, pandémie oblige. Le tout à seulement 3 semaines de la fin des travaux. Depuis quelques semaines déjà, c’est la valse des annulations alors qu’en temps normal, c’est plutôt le ballet des réservations qui bat son plein. Comme pour d'autres hôteliers, cette danse impromptue est marquée par des centaines de nuitées résiliées et des dizaines de milliers de dollars en manque à gagner, et nul ne sait quand la reprise se fera et ce qu’il adviendra de la saison touristique. « On reçoit des annulations à tous les jours. Jusqu’au 15 juin, presque tout le monde a annulé. Quelques-uns au mois de juillet; en août ça commence aussi. Je n’ai pas d’indicateurs que les gens du Québec prévoient pour l’instant changer leurs vacances pour venir en Gaspésie. Comme tout le monde on est sur le qui-vive et on a aucune idée de ce qui va se passer, à quoi ça va ressembler », explique la co-propriétaire Marie-Claude Giasson.

Mince consolation, le gouvernement fédéral a annoncé lundi qu’il élargissait les critères de la Prestation canadienne d’urgence – la fameuse PCU – aux propriétaires d’entreprises, même si ces derniers se versaient des dividendes en guise de salaire. La PCU, en subventionnant 75% du salaire des employés, n’est cependant d’aucun recours lorsque ces derniers ont été mis à pied puisque que les réservations ont fondu comme neige au soleil et que qu’ils n’ont plus de travail à effectuer. « Disons qu’on se prépare au pire scénario. Tant mieux si ça redécolle rapidement, mais on aime mieux s’attendre à une saison très ordinaire. Si par exemple au mois de juillet au Québec on n’a pas le OK pour sortir de la maison, ça va être le fiasco et on perd notre saison touristique. Ça va être de voir ce qu’on va avoir le droit de faire rendu-là », ajoute Marie-Claude Giasson.

Les restaurateurs dans le collimateur

 

Selon une enquête menée par Restaurants Canada publiée au début du mois d’avril, près de 1 restaurant sur 10 a la grandeur du pays a déjà fermé définitivement ses portes, et beaucoup d’autres étaient propices d’en faire autant dans les prochaines semaines. Pas moins de 175 000 emplois ont été perdus en restauration au Québec seulement.

Claudine Roy, qui préside l'Association des restaurateurs du Québec, est bien placée pour suivre la situation de près. Des 6 000 membres qu’elle représente, seulement 20% sont en opération actuellement. Le chiffre d’affaires a diminué en moyenne de 75%. Les statistiques parlent d’elles-mêmes. « C’est très difficile de prévoir car on ne sait pas quand la crise finira. Très très honnêtement, je ne pense pas qu’on puisse voir de lumière au bout du tunnel avant le mois de juillet, lance-t-elle. Et ça, c’est si tout le monde respecte les consignes et que tout va bien. Ce n’est pas banal ce qui se passe présentement. »

Tout comme la directrice générale de l’ATR, Claudine Roy ne cache pas ses inquiétudes de perdre quelques joueurs chemin faisant. « Ce n’est pas tout le monde qui va être capable de passer à travers. Ça ne peut pas faire autrement et ça va être dans tous les secteurs, même s’il y a des aides gouvernementales. Si avant la crise tu étais sur la ligne rouge, ça va être très difficile de s’en relever. »

Claudine Roy.

©Photo Archives

Claudine Roy, présidente de l'Association des restaurateurs du Québec.

USAGE UNIQUE ET EXCLUSIF

©Photo collaboration Ariane Aubert Bonn

La mairesse de Percé demeure optimiste quant à la prochaine saison touristique.

Percé demeure optimiste

 

Celle qui est derrière les TDLG est par ailleurs touchée de plein fouet avec son Auberge sous les arbres, à Gaspé, dont les réservations se sont réduites comme peau de chagrin pour les mois de mai, juin, juillet et août. Afin de stimuler le tourisme de manière générale et que l’industrie soit prête quand la crise se terminera, Claudine Roy siégera sur un comité qui sera mis en place par la ministre du Tourisme Caroline Proulx. L’idée sera d'inciter les Québécois à se visiter entre régions. « Les voyages internationaux, il n’y en aura pas avant longtemps. La meilleure place pour aller, c’est ici. La Gaspésie va demeurer selon moi une destination privilégiée pour les Québécois. Mon orientation c’est vraiment de rester dans la province et d’encourager nos régions. »

À Percé, ville touristique par excellence s’il en est une, la mairesse garde le cap et son optimisme. « C’est certain que beaucoup de gens communiquent avec nous et il y a beaucoup d’inquiétude pour l’instant, indiquait hier soir Cathy Poirier lors du conseil municipal. Je vous invite à rester positifs sur la saison qui s’en vient. Je pense que de toute façon présentement, il est trop tôt pour être négatif. On ne sait pas ce qui nous attend; si la saison sera très bonne ou très mauvaise. Mais on sera capable de s’adapter à la situation. La saison touristique démarre normalement en juillet et rien ne nous fait croire qu’il n’y en aura pas. Plus on respecte les consignes, plus on aura des chances de sortir de cette impasse-là. »

Voilà donc un aperçu des répercussions sur la prochaine saison estivale, et ce sans parler des festivals, des croisières, des établissements muséaux, des campings, des parcs nationaux ou des commerces qui gravitent directement et indirectement autour du tourisme. Tout le monde continue de retenir son souffle.

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