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15 septembre 2018

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

Une chirurgienne de Causapscal participe à la première greffe de visage au Canada

Michèle Tardif

©Photo Gracieuseté

Dre Michèle Tardif qui porte un oeil vigilant sur ses résidents lors de l'opération qui se voulait aussi un moment d'enseiignement et d'apprentissage extraordinaire pour les bébés médecins.

Dre Michèle Tardif de Causapscal est l'une des neuf chirurgiens à avoir participé à la toute première greffe de visage à avoir été effectuée au Canada.

La nouvelle a déjà fait les manchettes ces derniers jours alors qu'on racontait l'histoire de Maurice, un homme ayant été défiguré lors d'un accident de chasse. Parmi l'équipe de neuf chirurgiens ayant participé à cette première greffe de visage se trouvait Dre Michèle Tardif, originaire de Causapscal. Cette dernière a bien voulu prendre quelques minutes pour expliquer son rôle pendant la délicate intervention qui aura duré 30 heures.

L'équipe mise en place par le Dr Daniel Borsuk était composée de neuf chirurgiens ayant tous un rôle bien précis à jouer dans l'opération. Celui de Michèle Tardif était de préparer le visage de Maurice pour la greffe. « Je devais enlever tous les fragments d'os qui n'étaient pu viables dans une partie qui était encore saine. À l'aide d'une scie et d'un marteau, je devais enlever des fragments d'os de nez, de bouche et de dents afin que le visage soit prêt pour accueillir la greffe. »

Cette opération, aussi appelée ostéotomie, était particulièrement délicate puisque certains fragments étaient plus difficilement accessibles, le but étant de libérer les nerfs pour éventuellement les reconnecter sur le nouveau visage. « Nous avions un guide bien précis à suivre et chacun savait ce qu'il avait à faire. Avant d'entrer en salle d'opération, nous avions déjà un an de pratique derrière nous. Bien qu'on ne peut jamais tout prévoir dans les détails, j'estime que le tout s'est relativement bien passé », explique la chirurgienne.

Tout au long des 30 heures, l'équipe demeure prête à intervenir même lorsque leur tâche est complétée. Dans le cas de Michèle Tardif, son intervention a duré près de 12 heures. C'est aussi à elle qu'on a confié la finition du visage. « On a droit à une petite sieste d'une heure pendant l'opération, mais on doit être prêt pour porter main forte à nos collègues en tout temps », ajoute-t-elle.

 Long processus

Pour en arriver au résultat que l'on connaît aujourd'hui, il aura fallu beaucoup d'efforts et de jeux de coulisses. À partir du moment où Maurice est entré dans le bureau du Dr Borsuk jusqu'à l'opération, il s'est écoulé près de trois ans. « Ce n'est pas évident de proposer une telle chirurgie, explique Michèle Tardif. On sort des sentiers battus et on propose une opération qui n'a jamais été pratiquée au Canada et qui a eu lieu peut être une quarantaine de fois au total dans le monde entier. »

Le travail était donc plus imposant puisqu'il fallait convaincre la direction de l'hôpital Maisonneuve-Rosement et le comité d'éthique. Il fallait également que Transplant Québec embarque dans l'aventure puisque le visage à greffer proviendrait d'eux. « Ce fût une imposante mobilisation. On parle des neuf chirurgiens mais, en tout, c'est pratiquement une centaine de professionnels qui ont été mis à contribution. On parle notamment d'infirmières, de préposés aux bénéficiaires, de psychiatres et d'anesthésiologistes », ajoute Dre Tardif.

Une opération réussie

Lorsque le dernier geste médical est posé à la fin des 30 heures, il se passe quelque chose d'intense dans la salle d'opération. « Il y a un grand soulagement, beaucoup de satisfaction et nous sommes surtout très contents pour le patient. D'un autre côté, c'est une aventure d'équipe incroyable. Souvent, les chirurgiens travaillent isolés mais ici à Maisonneuve, on travaille constamment en collaboration avec les différents spécialistes », raconte la chirurgienne plastique.

D'ailleurs, Dre Tardif a eu l'occasion de voir Maurice tout récemment. « Ce qui était d'abord un masque inanimé prend tranquillement vie. Il retrouve peu à peu du mouvement dans le visage. Pour ma part, il est difficile de nier qu'il s'agit de l'un des plus grands défis de ma carrière que je viens de réaliser. »

Effectivement. Le défi a été relevé et le sentier est maintenant battu pour d'éventuelles greffes similaires. Et la chirurgienne de Causapscal, qui a commencé son parcours au Cégep de Matane en sciences de la santé, a pris part à cet exploit sans précédent à se produire au Canada. « C'est la preuve que tout est possible pour n'importe qui, peu importe d'où on vient », conclut-elle avant de reprendre la route de la salle d'opération pour une autre intervention chirurgicale.

 

Chirurgie

©Photo Gracieuseté

L'équipe des neuf chirurgiens ayant participé à la première greffe de visage au Canada.

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